losophe sont des bréviaires de marivaudage. On pourrait en extraire une série de maximes sur l’amour et sur tout ce qui s’ensuit : jalousie, dépit, coquetteries, caprices, froideurs, brouilles, raccommodements. Cela ferait une quintessence assez piquante. J’en citerai quelques-unes et je résumerai les autres, afin d’être utile aux personnes dont les passions sont sincères et raisonneuses.
D’abord, l’auteur des Fausses Confidences et du Petit-Maître corrigé avait une conception de l’amour tout à fait optimiste et sereine. Pour lui, l’amour n’était pas seulement « le petit dieu malin » chansonné par les drilles du Caveau, ni ce
Fléau du monde, exécrable folie,
que Musset a maudit furieusement, parce que le poète des Nuits confondait l’amour avec des récréations dont l’abus le rendait triste. Marivaux pense et dit de l’Amour ce qu’en pensait, ce qu’en disait l’auteur de la première partie de ce Roman de la Rose,
Où l’art d’Amour est tout enclose.
Par sa fine sentimentalité, par sa casuistique amoureuse, par son goût pour l’allégorie, Marivaux aurait fraternisé, au xiiie siècle, avec le suave Guillaume de Lorris.
Marivaux recourt parfois aux procédés dont les journalistes sont coutumiers, et dont il use avec une ingénuité où se marque un gazetier assez novice. Veut-il nous exposer en détail sa théorie de l’amour, il suppose un Espagnol qui lui raconte un rêve.