l’heure de sa mort…. On savait vivre et mourir alors ; on n’avait pas d’infirmités importunes. Si on avait la goutte, on marchait quand même, et sans faire la grimace ; on se cachait de souffrir par bonne éducation. On n’avait pas de ces préoccupations d’affaires qui gâtent l’intérieur et rendent l’esprit épais…. On se serait fait porter demi-mort à une partie de chasse. On trouvait qu’il valait mieux mourir au bal ou à la comédie, que dans son lit entre quatre cierges et de vilains hommes noirs. On était philosophe ; on ne jouait pas l’austérité, on l’avait parfois sans en faire montre.
« On jouissait de la vie, et, quand l’heure était venue de la perdre, on ne cherchait pas à dégoûter les autres de vivre…. »
Toutefois, la sagesse et la bonne grâce de Marivaux ne le préservèrent point d’un travers dont purent souffrir ses confrères. Il continua d’écrire. Depuis sa réception de l’Académie française, il avait pris l’habitude de composer des dissertations pour les lire devant les Quarante. C’est ainsi que, le mardi 25 août 1744, par une après-midi de pesante chaleur, il lut à ses confrères quelques Réflexions sur les progrès de l’esprit humain. Ce jour fut d’ailleurs mémorable pour l’Académie. On vit un sieur Linant, titulaire du prix de poésie pour la troisième fois, remercier l’assemblée en prose et en vers. Le mardi 29 décembre de la même année, Marivaux crut devoir régaler la Compagnie d’une nouvelle série de « réflexions ». Il eut le courage, après que l’abbé Girard et l’abbé de Bernis eurent prononcé leurs discours de réception et que M. de Crébillon