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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

tions et aux purifications que la religion prescrivait dans certains cas : cette eau qui jaillissait du temple même, en semblait plus mystique et plus efficace. Dans le bas-relief que nous décrivons, on voit en effet l’image d’un temple avec un déversoir décoré de la figure d’un lion ; un personnage est placé au-devant, et reçoit sur ses mains l’eau lustrale, qui, à la vérité, sort de la gueule du lion, au lieu de s’échapper d’entre ses pattes. Enfin, ce qui vient encore à l’appui de notre sentiment, ce qui confirme du moins l’opinion que ces conduits n’étaient pas destinés à rejeter l’eau des pluies, c’est que celui du temple de l’ouest, au lieu de la verser au dehors de l’édifice, l’aurait fait couler sous la galerie.

Il eût été bien intéressant, pour la connaissance de la religion égyptienne, de posséder en entier une scène aussi importante que celle de la mort d’Osiris ; mais la sculpture de cette scène n’a jamais été achevée, et tout ce qui en existe a été recueilli. Il reste aussi dans cette salle plusieurs bas-reliefs qui n’ont jamais été terminés ; de grandes parties de murs sont demeurées lisses, ou ne portent que les saillies destinées à la sculpture. Mais, quoique cette salle n’ait jamais été finie, il est permis de conjecturer, d’après les scènes qu’on y voit, qu’elle devait être un des édifices de l’île les plus sacrés ; c’est ce que confirme encore le grand nombre d’inscriptions en caractères cursifs égyptiens que l’on y a tracées, et dont nous avons déjà parlé dans le §. II. Il semble que cette salle était un lieu de pélerinage, où les voyageurs pieux aimaient à inscrire leurs noms, et peut-être les motifs de leurs voyages.