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CH. III, DESCRIPTION

militaire, ou, si l’on veut, d’une ville frontière, est encore loin de répondre à l’idée qu’on peut se faire d’Éléphantine, quand on sait qu’elle a possédé des rois particuliers. Cette question mérite d’être examinée à part : les recherches qu’elle exige m’arrêteraient ici trop long-temps[1].

À la ville que contenait l’île d’Éléphantine, suivant Strabon[2], et qui était située vers le midi, a succédé un petit village. Ce hameau occupe le pied d’une élévation formée par le rocher de granit et par les décombres des anciennes habitations ; il est habité par des Barâbras ou Nubiens, et très-peuplé pour son étendue. On trouve plus au nord un autre village plus considérable, occupé, comme le premier, par des Barâbras. Ces villages n’ont pas de nom particulier, et l’île même n’est plus désignée que par celui de Syène, qui est en face ; on l’appelle Gezyret Asouân, ou l’île de Syène : je n’ai pas entendu de la bouche des habitans le nom d’el-Sag, rapporté par des voyageurs.

La forme de l’île est allongée ; sa longueur, du sud-ouest au nord-est, est de mille quatre cents mètres[3], et sa plus grande largeur de quatre cents mètres[4]. Environnée d’écueils presque de toutes parts, elle laisse à peine au fleuve un passage navigable : le bras qui la sépare de Syène est large d’environ cent cinquante mètres[5], à l’endroit où on le traverse ordinairement quand on veut passer du continent dans l’île ; la moindre

  1. Voyez ci-dessous, §. VI.
  2. Strab. Geogr. l. XVII, p. 817.
  3. Sept cents toises environ.
  4. Deux cents toises environ.
  5. Soixante-quinze toises environ.