Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

largeur de ce bras est de quatre-vingt-douze mètres, c’est-à-dire, précisément un demi-stade, distance de Syène à Éléphantine, suivant Strabon[1]. En venant de Syène, on aborde à une petite anse, au pied d’un ancien quai ou mur de revêtement qui a été bâti entre les pointes saillantes du rocher pour défendre l’île contre les hautes eaux. Ce quai assez élevé est construit avec soin et d’une manière particulière, dont je rendrai compte ailleurs ; il se remarque d’assez loin par sa couleur blanche, et par son élévation, surtout dans les basses eaux[2].

La butte de décombres formée par les débris de l’ancienne ville a sept ou huit cents mètres de tour[3] ; c’est comme un plateau élevé qui domine tout le reste, et qui a pour noyau, comme je l’ai dit, un ancien îlot de granit, où les attérissemens se sont formés depuis un temps immémorial : du rivage de Syène, on le voit se détacher en brun sur le rideau élevé de la chaîne libyque, toute recouverte de sables blanchâtres, et percée çà et là par des aiguilles noires de granit.

Cette butte est toute couverte d’assez belles cornalines et d’agates, qui n’ont pu être apportées là en aussi grand nombre ; il faut croire que leur gisement est dans le granit même[4]. Les Barâbras qui habitent cette île, hommes, femmes et enfans, s’occupent à ramasser ces cornalines, et viennent les offrir aux étrangers avec des médailles, des lampes antiques et des amulettes, qu’ils

  1. Quarante-sept toises environ (Strab. lib. XVII, pag. 817).
  2. Voyez pl. 30, fig. 4, au point 3 ; voyez aussi pl. 32, fig. 1 et 2.
  3. Trois cent cinquante à quatre cents toises.
  4. J’en ai trouvé une qui porte des empreintes naturelles en forme de croix.