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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

Il est rare, même dans les grandes inondations, que toute la plaine de Thèbes soit arrosée par l’épanchement naturel du fleuve. Des canaux dérivés de points plus élevés y apporteraient, dans les crues ordinaires, le précieux tribut de ses eaux ; mais ils sont si mal entretenus, que, le plus souvent, cette belle plaine est desséchée. Le dourah, le blé, les melons d’eau, sont les principales productions cultivées dans cette partie de l’Égypte. On y rencontre quelques plantations de cannes à sucre. Des chemins suivis ordinairement par ceux qui parcourent le pays, coupent la plaine de Thèbes dans différentes directions. On y trouve des caravanserais, monumens d’une utilité précieuse, qu’un sentiment noble et une hospitalité désintéressée ont fait élever pour les voyageurs en mille endroits de l’Égypte. Un de ces établissemens paraît au milieu de la plaine, sur la rive gauche du fleuve ; il est entouré de palmiers. Pour bien apprécier tout ce que ces lieux de repos ont d’utile et d’agréable, il faut avoir ressenti l’excès des chaleurs qu’on éprouve sous le climat ardent de la haute Égypte. En effet, vers le solstice d’été, le thermomètre, mis à la surface du sol, monte jusqu’à cinquante-quatre degrés : il est imprudent alors de poser ses pieds sur la terre brûlante. On ne touche pas impunément un caillou exposé aux ardeurs des rayons du soleil. La chaleur est même quelquefois si forte, qu’on entend les animaux, excédés de fatigue, pousser des hurlemens, et se précipiter dans le fleuve, où ils se plongent avec une avidité extrême. C’est cependant un spectacle vraiment extraordinaire que de voir quelquefois des fellâh au teint de bronze, qui, la