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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

peuple qu’ils gouvernaient. Cette propension à l’exagération paraît être d’ailleurs le résultat de l’influence du climat : elle s’est conservée jusqu’à ces temps modernes, et les peuples de l’Orient ne parlent encore aujourd’hui même de leurs armées qu’avec emphase ; elles sont toujours, à les entendre, plus nombreuses que les étoiles du firmament, ou que les grains de sable que la mer a rejeté sur ses bords.

Sésostris, ajoute Diodore, commença par distribuer à tous ses soldats les terres les plus fertiles de l’Égypte, afin que, laissant à leurs familles un bien suffisant, ils se disposassent au départ avec plus de courage. « S’étant mis en marche, il tomba d’abord sur les Éthiopiens, qui sont du côté du midi[1] ; et les ayant défaits, il exigea d’eux pour tribut, de l’or, de l’ébène et de l’ivoire. Il fit ensuite équiper sur la mer Rouge une flotte de quatre cents voiles, et fut le premier prince de ces contrées qui fit construire des vaisseaux longs. Il se rendit maître, par leur moyen, de toutes les provinces maritimes et de toutes les îles de la mer jusqu’aux Indes, pendant que lui-même, conduisant l’armée de terre, subjugua toute l’Asie. »

Est-il possible de ne point reconnaître la conformité de ce récit avec le combat naval sculpté sur les murs extérieurs du palais de Medynet-abou ? Les vaisseaux égyptiens que l’on y voit, sont la représentation d’une portion de cette grande flotte que Sésostris avait fait équiper ; et cette escadre est secondée par terre par le héros lui-même, comme notre historien l’indique d’une

  1. Voyez la citation no v.