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Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 2, Antiquités - Description.djvu/128

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DE THÈBES. SECTION I.

asservit tous les peuples d’Arabie qui n’avaient jamais reçu le joug.

Quelle conformité entre ce récit et le bas-relief que nous avons décrit[1], où le héros égyptien a percé de traits deux lions, dont l’un est étendu mort, et l’autre fuit à travers les roseaux ! et peut-on douter que la sculpture ne soit ici parfaitement d’accord avec les faits historiques ?

Voilà quels sont les exploits de la jeunesse de Sésostris. Appelé au trône après la mort de son père, il conçoit de plus vastes projets. Excité par les dieux eux-mêmes, il entreprend de conquérir l’univers. Il règle les affaires du royaume ; il organise les provinces, à la tête desquelles il met des gouverneurs ; il rassemble tout ce qu’il y a d’hommes vigoureux dans l’État[2], et en forme une armée proportionnée à la grandeur de son entreprise : car elle était composée de six cent mille hommes de pied, de vingt-quatre mille chevaux, et de vingt-sept mille chariots de guerre.

Ce récit paraîtra sans doute exagéré. Quelque florissante, en effet, qu’ait été l’Égypte dans les temps anciens, il est difficile de croire qu’elle ait jamais pu tirer de son propre sol une force armée aussi considérable. On voit bien qu’une telle exagération est le résultat de la vanité, et que les prêtres qui expliquaient aux voyageurs grecs dont Diodore a emprunté une partie de ses récits, les sculptures de leurs temples et de leurs palais, ont bien pu céder au plaisir d’exagérer la puissance du

  1. Voyez ci-dessus, pag. 108, et pl. 9, fig. 1, A., vol. ii.
  2. Voyez la citation no iv, à la fin de cette section.