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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

s’il était possible d’établir quelque accord entre les différentes chronologies des rois d’Égypte, qui nous ont été transmises par Hérodote, Diodore, Eusèbe, Manéthon, le Syncelle et Jules Africain. Quoi qu’il en soit, on ne peut s’empêcher de le faire remonter à une haute antiquité[1].

N’est-il pas extrêmement curieux de retrouver, après tant de siècles, un édifice aussi bien conservé que celui de Medynet-abou ? Qui ne se sentirait ému à la vue du palais du plus grand des conquérans dont l’histoire nous ait conservé le souvenir, et dont les exploits et les hauts faits tiennent du prodige et de la fable ? Le voyageur sent mieux qu’il ne peut l’exprimer tout ce qu’on éprouve au milieu de ces édifices où les arts ont étalé toute leur magnificence pour perpétuer la gloire des héros. Il relève par la pensée ces colonnes abattues, ces membres d’architecture brisés ; il fait sortir de leurs décombres ces salles enfouies ; il les restaure et les rend à leur ancien état et à leur première splendeur ; il y voit briller l’or et les pierreries[2] ; il les décore de ces meubles riches et élégans, de ces étoffes précieuses de l’Inde dont on retrouve les modèles dans les tombeaux des rois[3] ; et, pour ajouter encore à la magnificence de tout ce que son imagination rétablit, il se représente Sésostris dans le péristyle du palais de Medynet-abou, recevant au milieu des grands de son empire les ambassadeurs de toutes les nations de la terre.

  1. Les chronologistes modernes qui font remonter le plus haut le règne de Sésostris, ne le placent que 1700 ans avant Jésus-Christ.
  2. Voyez la citation no xii
  3. Voyez la pl. 89, A., vol. ii.