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DE THÈBES. INTRODUCTION.

villages, qui ne renferme point de constructions arabes, et que tous les voyageurs anciens et modernes ont désigné sous le nom de Memnonium, est également rempli d’antiques constructions. Du côté de l’Arabie, Louqsor et les deux Karnak, bâtis sur de magnifiques ruines, sont liés entre eux par une suite non interrompue de fragmens d’antiquités. Med-a’moud laisse voir de bien loin au nord quelques colonnes encore debout, et sa butte factice couverte des restes de ses vieux édifices.

Ce n’est pas seulement dans l’emplacement que le Nil arrose, qu’il faut chercher des vestiges de l’existence de Thèbes. Comme si la portion de la vallée qu’elle occupe n’eût pas été assez vaste pour la contenir, cette antique cité s’est étendue jusque dans les montagnes. En effet, la partie de la chaîne libyque, voisine des monumens encore existans, est percée d’une quantité innombrable d’hypogées : quelques-uns de ces hypogées ont bien pu servir d’asile aux premiers habitans troglodytes de l’Égypte ; mais tous doivent être regardés comme les dernières demeures des citoyens de son ancienne capitale.

Pour faire passer dans l’ame du lecteur tous les sentimens dont on est d’abord agité en arrivant dans un lieu qui rappelle tant des souvenirs, il faudrait pouvoir peindre cette curiosité inquiète, qui, dans son ardeur, veut embrasser tous les objets à-la-fois. Il semble que les sens n’obéissent point assez promptement à la volonté pour prendre connaissance de tout ce qui existe ; il se présente à l’esprit mille questions que l’on voudrait résoudre, mille faits que l’on voudrait constater en même temps. Où sont les cent portes chantées par Homère, et par