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DE THÈBES. SECTION II.

ont laissées sur les piédestaux des colosses, donnent le moyen d’apprécier la quantité dont l’inondation s’élève encore actuellement au-dessus de la plaine. Leur hauteur moyenne au-dessus du sol est de plus d’un mètre[1]. Il faut donc ajouter cette hauteur à celle de la portion des piédestaux qui est cachée sous les dépôts du Nil, pour avoir le niveau de la butte factice[2] sur laquelle les colosses ont dû être placés, afin d’être garantis des eaux de l’inondation, au temps de leur érection[3]. Ainsi nous pouvons conclure un minimum de deux mètres quatre-vingt-neuf centième pour l’exhaussement de la plaine de Thèbes, depuis l’époque de la construction des monumens dont nous avons parlé. Nous nous en tiendrons à cette limite inférieure, mais certaine, bien que des hypothèses particulières, plus ou moins fondées, puissent autoriser à admettre un exhaussement plus considérable. Si l’on parvenait à déterminer le temps précis où les monumens ont été construits, on pourrait en tirer quelque conséquence pour la quantité de l’exhaussement par siècle : mais les résultats que

  1. Trois pieds un pouce.
  2. Il est très-remarquable que toutes les fondations qui ont été découvrtes à Esné, à Louqsor, à Karnak, à Syout et à Héliopolis, sont établies sur un sol de décombres ; d’où l’on peut conclure que, dans les temps anciens, comme actuellement encore, les villes et les édifices étaient bâtis sur des buttes factices.
  3. Nous supposons ici que les eaux s’élèvent maintenant au-dessus de la plaine de Thèbes, de la même quantité dont elles s’élevaient dans les temps les plus anciens. On ne voit pas de raisons pour qu’il en soit autrement, si les causes qui produisent les débordemens du fleuve, c’est-à-dire les pluies périodiques du tropique, sont les mêmes qu’autrefois ; ce qui est infiniment probable. En supposant que l’on puisse admettre une différence, elle ne peut provenir que de l’extension plus ou moins grande et de la répartition des eaux du fleuve, facilitée par des débouchés plus ou moins nombreux.