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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

que la partie supérieure du socle du piédestal des deux sphinx placés en avant de l’une des principales entrées du vaste palais de Karnak, à l’ouest, est d’un mètre soixante-quatre centièmes[1] au-dessous du niveau moyen de la plaine. On n’apercevait plus que la tête de ces deux sphinx[2] au-dessus des décombres. Nous avons fait creuser à la base de l’un d’eux ; mais les fouilles n’ont point été poussées assez loin pour mettre le socle à nu et arriver à la fondation. Cependant, si l’on admet que ce socle ait une hauteur de vingt-quatre à vingt-sept centimètres[3], ce à quoi nous sommes suffisamment autorisés par l’analogie des autres sphinx, il en résultera que le piédestal, à partir des fondations, est enfoui, sous les dépôts du Nil, d’un mètre quatre-vingt-neuf centièmes[4], de même que les colosses de la plaine.

Il est donc bien constant que, depuis l’époque de l’érection des colosses et de l’allée de sphinx de Karnak, le sol de la plaine de Thèbes s’est exhaussé d’au moins un mètre quatre-vingt-neuf centièmes. Mais il est à peu près certain qu’il s’est élevé de beaucoup plus encore : car, si l’exhaussement se bornait à cette quantité, il faudrait admettre que les anciens Égyptiens auraient laissé leurs monumens exposés aux inondations du fleuve, ce qui n’est nullement probable, et ce qu’ils n’ont point fait évidemment ailleurs, comme nous allons en apporter, plus bas, quelques preuves.

Les traces successives que les eaux limoneuses du fleuve

  1. Cinq pieds six lignes.
  2. Voyez la Description de Karnak, section viii de ce chapitre.
  3. Neuf à dix pouces.
  4. Cinq pieds dix pouces.