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DE THÈBES. INTRODUCTION.

tous les produits de l’antique science et de l’industrie des Égyptiens ; c’était une véritable conquête que nous allions essayer au nom des arts. Nous allions enfin donner, pour la première fois, une idée exacte et complète de monumens dont tant de voyageurs anciens et modernes n’avaient pu parler que d’une manière peu satisfaisante. Nous allions réaliser les vœux qu’exprime au sujet de l’Égypte le plus grand de nos orateurs[1], en ces termes remarquables : « Quelle puissance et quel art a fait d’un tel pays la merveille de l’univers, et quelles beautés ne trouverait-on pas, si on pouvait aborder la ville royale, puisque si loin d’elle on trouve des choses si merveilleuses ! » Nous étions en effet sur le sol de cette ville royale, ou les indications qu’on avait eues jusqu’alors, quoique très-peu précises, promettaient cependant la découverte des plus nobles ouvrages. Et d’ailleurs, quels attraits, quels charmes secrets ne présente pas la vue des ruines ? On ne recherche pas ce spectacle sévère par une curiosité stérile et momentanée ; on y est conduit par une passion ardente et vive, qu’il faut avoir éprouvée pour s’en faire une juste idée. Combien de fois, entraînés par cette passion, n’avons-nous pas parcouru la plaine de Thèbes, au risque d’y être assassinés par les Arabes et par les sauvages habitans de ces contrées ! Combien de fois ne nous est-il pas arrivé d’entreprendre des courses longues et pénibles, dans la seule vue de découvrir de nouveaux monumens et d’interroger quelques débris éloignés !

Le premier objet remarquable, au sortir d’en-Aqalteh

  1. Bossuet, dans son Discours sur l’histoire universelle.