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DE THÈBES. SECTION II.

temple est très-inférieur au sol de la ville actuelle, et il s’en faut de bien peu qu’il ne soit au niveau de la plaine environnante. Ces faits sont des indices certains de l’exhaussement du sol ; car on ne peut raisonnablement supposer que les anciens Égyptiens n’aient pas mis ces édifices à l’abri de l’inondation. L’expérience devait certainement leur avoir fait connaître les changemens qu’éprouvait la vallée d’Égypte. On ne peut pas croire qu’ils étaient moins instruits que les habitans actuels du pays, dont la conduite suppose cette connaissance[1]. Mais, sans nous tenir ici dans ce vague d’idées, nous ferons remarquer que les anciens Égyptiens eux-mêmes nous fournissent une preuve non équivoque de l’expérience qu’ils ont eue de l’exhaussement du sol de l’Égypte : nous la trouvons dans un lieu voisin de Thèbes, à Denderah, autrefois Tentyris. La plate-forme sur laquelle s’élève le magnifique temple que l’on y voit, surpasse encore de plus de quatre mètres et demi le niveau de la plaine environnante. Si l’on n’avait eu pour but que de garantir le temple de Denderah des inondations, au temps seulement de sa construction, où était la nécessité de le tenir à une aussi grande élévation au-dessus de la plaine ? Mais les anciens Égyptiens connaissaient le fait de l’exhaussement de la vallée de l’Égypte. Hérodote rapporte[2] que, sous le roi éthiopien Sabacos, on condam-

  1. Tous les villages de l’Égypte sont élevés sur des buttes factices, dont le niveau est bien supérieur aux plus grandes inondations. Pendant la dernière année du séjour des Français en Égypte, la crue du fleuve a été très-considérable, et nous n’avons pas appris qu’aucun village ait été submergé par l’effet de l’inondation.
  2. Herod. Hist. lib. ii, cap. 138, pag. 142, edit. 1618.