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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

d’élévation : un seul reste encore élevé sur sa base. Une grande porte et un autre pylône conduisent à une salle détruite jusque dans ses fondemens ; elle avait des galeries formées de piliers cariatides, et elle renferme le plus grand des obélisques qui existent encore dans toute l’Égypte. Cet obélisque a trente mètres[1] de hauteur : ses sculptures sont d’une exécution parfaite, et semblent être au-dessus de tout ce que pourraient produire en ce genre les arts perfectionnés de l’Europe. Une autre porte conduit à des constructions en granit, qui paraissent les plus soignées de tout ce vaste édifice. Plus loin, on aperçoit encore une multitude de colonnes et un grand nombre d’appartemens. Les couleurs qui sont appliquées sur toutes les sculptures, et qui devraient avoir le plus éprouvé les ravages du temps, brillent presque partout du plus vif éclat.

Tant de grandeurs et de magnificence laisse dans l’esprit des impressions vives et profondes. Un spectacle si extraordinaire paraît être moins une réalité que le produit d’une imagination disposée à s’environner d’objets d’une grandeur fantastique. Au milieu de ces belles ruines, le voyageur est frappé d’abord de la solitude qui l’entoure ; mais bientôt des souvenirs sans nombre se présentent en foule à sa pensée. Tout alors s’anime autour de lui : les batailles sculptées sur les murs du palais ne sont plus de vaines images ; il se reporte aux lieux mêmes où elles ont été livrées ; il suit les mouvemens des armées qui sont en présence ; il s’intéresse vivement au héros qui, par l’impétuosité de son courage, décide la vic-

  1. Quatre-vingt-onze pieds.