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DE THÈBES. SECTION I.

voit encore au temple de Minerve Poliade, à Athènes. Les cariatides du Louvre nous offrent même un exemple moderne de ce que peut produire d’illusion et de prestige le ciseau d’un homme de génie. Mais les Grecs et les modernes ont-ils fait des cariatides un emploi aussi sagement motivé et aussi convenable que les Égyptiens ? c’est une opinion que nous ne pouvons partager. En effet, on remarquera que les cariatides égyptiennes ne nous offrent point, comme celles des Grecs, le spectacle affligeant de figures accablées de poids énormes ; ce qui détruit toute apparence de solidité. Elles ne portent rien ; elles sont la représentation d’une divinité grave qui n’est là que comme ornement, mais comme un ornement bien motivé, et rappelant à tous ceux qui le voient, le respect et le recueillement que doit inspirer le lieu qu’elles décorent. L’apparence de la solidité est augmentée par cette disposition même, puisqu’à la grosseur réelle des piliers, qui est suffisante pour porter l’édifice, se joint encore l’illusion produite par la masse des statues. Rien n’était plus convenable que l’emploi des cariatides pour donner aux édifices égyptiens ce caractère de grandeur et d’indestructibilité que leurs architectes se sont proposé de leur imprimer. Tout se réunit donc pour persuader que les figures cariatides sont en Égypte dans leur pays natal ; et dans la disposition d’esprit des anciens Égyptiens, on ne pouvait mieux satisfaire à la loi des convenances générales qu’en en faisant un fréquent emploi.

Si le péristyle qui nous a entraînés dans la petite digression que nous venons de faire sur les cariatides,