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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

Grecs, ceux-ci, après avoir remporté sur les coalisés une victoire complète, imaginèrent, pour en perpétuer le souvenir, de représenter accablées sous le poids de l’architecture, les plus distinguées des femmes des Cariates, qu’ils avaient traînées ignominieusement à la suite de leur triomphe. La tradition rapportée par le même écrivain, pour motiver l’emploi des figures d’hommes en cariatides, n’a pas plus de fondement ; il ne faut voir dans ces traditions que des explications prises dans l’histoire grecque, de monumens d’une origine étrangère. Ce n’est point, au reste, notre opinion particulière que nous produisons ici ; c’est celle même de l’antiquité[1]. Flavius Joseph ne voyait dans les Grecs que des imitateurs modernes de choses très-anciennes ; et Platon, dans son Timée, fait tenir ce langage à son interlocuteur égyptien : « Ô Solon, Solon, vous autres Grecs, vous n’êtes que d’hier ; rien chez vous ne porte l’empreinte d’une haute antiquité »[2].

Personne ne contestera toutefois le mérite de sculpture et la beauté des cariatides des Grecs, et l’on ne peut refuser son admiration aux figures de ce style que l’on

  1. Τὰ μὲν γὰρ παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἅπαντα νέα, καὶ χθὲς καὶ πρώην, ὡς ἂν εἴποι τις, εὑρήσεις γεγονότα· λέγω δὲ τὰς κτίσεις τῶν πόλεων, καὶ τὰς ἐπινοίας τῶν τεχνων, καὶ τὰς τῶν νόμων ἀναγραφάς· πάντων δὲ νεωτάτη, σχεδόν ἐστι παρ’ αὐτοῖς ἡ περὶ τοῦ συγγράφειν τὰς ἱστορίας ἐπιμέλεια.

    Enimverò nova certè apud Grœcos omnia, et ante unum, ut ita loquar, alterumve diem exstitisse reperias, urbium molitionem, excogitationem artium, legum perscriptionem : omnium verò novissimè ad scribendam historiam sese contulerunt (Euseb. Prœparat. evangel. lib. x, pag. 477, edit. 1628).

  2. Ὥ Σόλων, Σόλων, Ἕλληνες ἀεὶ παῖδες ἐστε, γέρων δὲ Ἑλλήνων οὐδεῖς, οὐδέ ἐστι παρ’ ὑμῖν χρονω πολιὸν μάθημα.

    O Solon, Solon, pueri semper Grœci estis, neque senex è vobis quisquam, neque canum apud vos ullum disciplinœ genus (Euseb. Prœpar. evangel. lib. x, pag. 471).