Page:Description du royaume du Cambodge, traduction Rémusat.djvu/54

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que le roi passe la nuit. Plusieurs personnes du pays, d’un rang distingué, m’ont raconté qu’anciennement il y avoit dans la tour une fée sous la forme d’un serpent à neuf têtes, laquelle étoit la protectrice du royaume ; que, sous le règne d’un des rois du pays, cette fée prenoit chaque nuit la figure d’une femme, et venoit trouver le prince[1] ; et, quoiqu’il fût marié, la reine sa femme n’osoit entrer chez lui avant une certaine heure ; mais, au signal de deux coups, la fée se retiroit, et le prince pouvoit recevoir la reine ou ses autres femmes ; si la fée étoit une nuit sans paroître, c’étoit un signe de la mort prochaine du roi ; si le roi, de son côté, manquoit au rendez-vous, on pouvoit être sûr qu’il y auroit un incendie, ou quelque autre calamité.

Après le palais, les maisons des princes de la famille royale et des grands officiers ont les dimensions et une hauteur plus considérables que celles des particuliers ; du reste, toutes sont couvertes en chaume ; il n’y a que les temples dont la façade et les constructions de derrière peuvent êtres recouvertes en tuiles. Les maisons des magistrats ont aussi des dimensions particulières, réglées d’après le rang des possesseurs ; celles des moins considérables sont, comme celles des simples particuliers, recouvertes en chaume ; car

  1. Ut ipsi misceretur.