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le p’tit gars du colon

haute, à lui-même et aux choses, comme font beaucoup les besogneux solitaires. Un « button » difficile à gravir : l’homme souffle, monte ; une clarté soudaine paraît dont il est surpris… Elle grandit, s’élargit, devient, au sommet, la resplendissante vision de neige et de soleil sur tout un coin de forêt déboisé : le chantier de François Gaudreau.

Il s’arrête, respire longuement, s’assied, bourre sa pipe. Jos Laforêt ne fumait jamais que son travail achevé ; c’est donc que sa journée finissait là… Quelle aubaine inespérée ! À l’horloge du firmament, cinq heures… j’ai failli dire : allaient sonner !… mais il y avait un petit carillon dans l’âme du vieux bûcheron pour le bonheur de ce repos.

Et voyez ! À main gauche, pas très loin, c’est le chemin des campements vers les magasins. Descendons par là… Bientôt, derrière lui, des grelots… Ding, ding, ding… la voiture légère de Tommy Fortier.

— Embarque, embarque, Laforêt.

— C’est que les enfants de Gaudreau…

— Quoi ? Cette histoire !… (en deux mots il a tout appris). Laisse donc : les petits gars s’arrangeront. Viens-t’en…

Et d’un galop repartit, sonnant sa jeunesse, alerte et nerveuse, la petite jument noire, traînant comme un rien, sa charge doublée.