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une nuit d’angoisse

— Marche, marche, la Puce !…

∗∗∗

Au magasin, dans la salle chaude et embrumée de la fumée forte des pipes, d’autres bûcherons — c’était samedi — reposaient leurs fatigues. On fit fête aux nouveaux arrivants : les parties de cartes se suivirent.

Laforêt songeait aux enfants de Gaudreau. Il le disait à Tommy… l’ombre tombait : leur inquiétude serait grande…

Tommy n’écoutait pas : son jeu l’absorbait… Et comme l’autre insistait, il s’impatienta :

— Bonté !… qu’ils s’arrangent ! À quatre, ils sont capables ! Mais vas-y, toi, si tu veux !… Pour moi, je joue… Tiens, prends les cartes… et donne…

La partie recommença, dans la fumée dense, les quolibets et les rires… Et le brave Laforêt, en veine de gagner, ne parla plus de s’en aller.

∗∗∗

Il faisait nuit.

Les quatre enfants de la hutte abandonnée ne s’étaient pas couchés : ils attendaient leur père. Une lampe brûlait faiblement devant l’unique châssis, mais de quoi servirait-elle beaucoup ? La fenêtre basse donnait sur le lac ; et derrière la mai-