Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
le p’tit gars du colon

De la lumière vive entrait dans la cabane, et, par la porte ouverte, une fraîcheur matinale et printanière délicieuse.

« Debout ! Debout ! » chantaient le soleil, la brise, les oiseaux, les bourgeons, les corolles jeunes… et ce réveille-matin que l’on porte en soi, qui soudain carillonne et fait ouvrir les yeux et tendre les bras au jour nouveau.

Petit François quitta la maisonnette : il s’est rendu, non loin du chemin battu par les « portageurs », dans un endroit qu’il aime… Plusieurs fois, il y a vu son père… Une pensée germa dans son esprit, sourit à son cœur, se fixa, devint conviction tenace. Quelle joie ! Certainement son papa songeait à reprendre ses cultures.

L’endroit lui parut bien choisi.

La petite ferme d’Hébertville s’effaça : plutôt, vint soudain renaître dans un décor nouveau qu’il trouva magnifique.

Devant lui, cette rivière large et bleue, presque violette ou noire par la présence d’un minerai dilué dans ses eaux : la courbe majestueuse qui la porte vers le lac entraîne le regard, et c’est l’immensité calme ou remuée d’une mer solitaire, infiniment nue et sans une voile découpée sur l’horizon. De l’azur et du soleil s’y baignent, y versent leurs clartés : c’est grandiose et captivant.

Peut-être François connaît-il mieux l’attraction