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la traversée du lac

D’ailleurs, voici des beautés tout à fait du goût d’un p’tit gars de colon : l’embouchure d’une rivière.

Le vieux Jérémie l’a montrée de son aviron tendu comme un long doigt, et qui ne tremble pas, je vous assure, le vaillant homme : la Mistassini.

Ce nom fait sursauter Gaudreau intérieurement… Pour tout autre, Mistassini n’a rien réveillé. Lui seul voit, très loin, construit dans son rêve, le moulin rustique au déval de la grande chute.

Aperçue du lac, la noble rivière est d’un calme superbe. Si je vous disais qu’il y a, plus haut, des courants, des remous, des rapides, des chutes colossales… À voir, sur trois milles de largeur, ces méandres paresseux, ces longs bras qui s’étirent, ces îlots tranquilles bien assurés de n’être emportés jamais, vous me répondriez poliment qu’au moins j’exagère.

Très bien. Contentez-vous, comme le font nos passagers du canot vert, d’admirer l’étonnante végétation de ces lieux humides… corbeilles de verdures à fleur d’eau ; bosquets énormes de saules et de peupliers grandissant librement sur des battures, parmi les herbes folles, l’idéal abri du gibier de mer.

Un coup de fusil là-dedans. Jérémie l’essaya :