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la traversée du lac

mains robustes et calleuses : « Le travail fait notre force »…

Et tous essuyaient loyalement la sueur de leur visage basané, et ne devaient baisser les yeux devant personne : « Si humble que soit notre tâche, la gloire n’en est pas moins grande ».

Dans un de ces braves foyers, celui des Perron, furent hébergés nos petits orphelins : Théodule, François, Eugène. Jérémie s’en retournait vers la cabane de la grève ; François Gaudreau montait avec son fils Aimé, construire son moulin… « C’est plein de bon sens », lui avait-on répondu… Il y tenait tellement, c’était visible. À quoi bon le retenir ? L’expérience lui prouverait que de toutes les entreprises à sa portée, le sillon dans la forêt conduisait mieux au bonheur stable et paisible.

Un sillon dans la forêt ! La poésie de ces mots !

Ils ont glissé de ma plume ; évocation de la vie qui attend, demain, le p’tit gars du colon.

Car il s’en ira, lui aussi, dans un prochain printemps, s’établir sur la rive sauvage, au pied de la grande chute.

Mais le moulin paternel n’aura point de chanson pour son cœur. D’autres voix lui parleront, celles de jadis, réveillant les jeunes amours, venant de la petite ferme d’Hébertville, et de toutes les choses bonnes et chères laissées là-bas, un froid jour de janvier… Et la voix du sol qui veut secouer