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le dîner sous bois

Théodule fit écho :

— J’ai faim, j’ai faim… on va dîner… quand ?

Seul notre François songeait à plus noble festin ; il se rassasiait de contempler, au défilé de la route longue, les belles campagnes mises en culture ; il déclara :

— C’est beau par chez nous.

L’aveu spontané toucha Marie-Louise, mieux que l’humaine détresse des affamés :

— As-tu regret d’être venu ?

— Oh ! maman, non ! non !…

Ses mains naïves battirent d’enthousiasme ; deux flammes brillèrent dans son regard.

Soudain : « Papa ! Papa ! »

Les deux voix, en même temps, d’Aimé et de Théodule reprirent :

— Papa, la Grise… »

C’est que la vieille jument, désertant l’habituel parcours, s’avance sur un tracé d’occasion, parmi touffes d’airelles et de mil sauvage, buissons d’aulnes et d’aliziers… vers des ravins… vers des buttes sablonneuses… pour quelle aventure ?

Et cela recule le repas indéfiniment.

— Papa…

— Voyons, voyons, les amis, c’est moi qui « mène » ; je sais ce que je fais, sans doute ?

Il ne fallait plus se lamenter ; à quoi servirait ?

La maman souriait malicieusement ; c’est donc