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veillée d’hiver

— Plus encore, renchérit le curé : c’était de l’héroïsme.

— Et pourquoi venait-il ?…

La question muette se lisait dans les regards fixés sur le bon prêtre.

— Pour empêcher le monde des campagnes de s’en aller vers les villes… jusqu’aux États-Unis, où l’on peut trop facilement perdre la santé du corps… et son âme.

Mes chers enfants, ne l’oubliez ; pas, si la tentation vous en venait, un jour…

Alors, dans ces vieilles paroisses du côté de Québec, tout le sol étant habité, nos terres nouvelles donnaient de l’espace à la jeunesse désireuse de s’établir.

— Ah ! oui, je comprends, dit Aimé, avec un beau sérieux.

— Moi aussi, fit Théodule.

— Et notre pays leur plut, remarqua le père, puisqu’ils revinrent.

— Oui, continua le curé : dès le printemps suivant, l’abbé Hébert, plus une quarantaine de défricheurs nouveaux, toute une caravane, avec bétail et provisions ; l’installation marcha rondement : parcelles déboisées, maisonnettes et chapelle… Hébertville était fondée, se peupla, s’élargit, devint le beau village que vous habitez.

— Mais souvenez-vous, insista le prêtre, vous