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sombres lendemains

Ce fut tôt fait. Puis l’étable, la grange, le maigre bétail, l’outillage agricole. Ils s’étaient avancés vers les parcelles défrichées. Mais la neige couvrait les chaumes, hélas ! aussi des gerbes entières surprises par l’avalanche, qu’on aurait pu rentrer pourtant ; et même des tiges encore debout que les pluies et la gelée avaient tuées sur place, et qu’un linceul d’hiver cachait mal, tout au fond des arpents condamnés.

Il valait mieux que les étrangers n’eussent pas vu de tout près cette tristesse des labours inutiles.

Les quatre enfants, collés à l’étroit châssis, épiaient les allées et venues.

Et l’homme avait dit en rentrant dans la maison :

— Monsieur Gaudreau, c’est bien : marché fini. Venez, nous réglerons au village…

Leur père était monté dans la voiture avec les étrangers.

Marché fini. C’est donc qu’on allait vendre. Quoi ?… Les enfants restés seuls, anxieusement se le demandaient :

— La partie du lot non déboisée, peut-être ? Était-il besoin, pour cela, de visiter les bâtiments ?

— Et notre maison ?

— Et nos animaux ?

— Si c’était le tout que notre père va vendre ?