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Page:Desjardins - Les caisses populaires, Cie. D'Imprimerie Ottawa, 1912.djvu/8

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droits légitimes. Ne l’oublions pas : chapeau bas devant le riche, peu importe, hélas ! souvent l’origine suspecte de son opulence. Ce qui est vrai pour les individus, l’est aussi pour les peuples, témoin la fortune nationale de la France et son prestige dû en bonne partie au fait qu’elle est la banquière des autres nations.

La Caisse Populaire est une organisation purement paroissiale, elle nait, elle grandit, elle se développe et prospère au milieu de la famille paroissiale. C’est son berceau tout naturel, c’est son foyer d’activité dont elle ne doit pas franchir les limites ; elle est, en un mot, sur le terrain économique, le prolongement de la paroisse.

C’est vous dire que ce n’est pas une banque, mais elle est mieux qu’une Banque. N’est pas membre qui veut de La Caisse Populaire. Il ne suffit pas de lui offrir des piastres pour obtenir son entrée dans ses rangs. Non, il faut posséder notoirement un capital bien plus précieux, mais que le plus humble travailleur, qu’il soit cultivateur ou ouvrier, peut avoir en abondance : l’honnêteté, l’intégrité, c’est-à-dire être un excellent citoyen et un bon chrétien. Œuvre paroissiale par excellence, elle ne fait pas de distinction de sexe ou d’âge. Tout le monde dans la paroisse fait partie de la paroisse, donc, tout le monde aussi peut faire partie de La Caisse, pourvu qu’il offre les qualités morales que je viens de mentionner. Il s’ensuit que hommes, femmes et enfants peuvent et doivent être sociétaires. L’homme, parce que la Caisse sera le réservoir où il ira verser ses modestes épargnes, où il ira aussi puiser pour suffire à ses besoins dans un moment de crise passagère, ou pour féconder ses initiatives ; la femme parce qu’elle est l’économe du petit royaume qu’on appelle « La Famille », et qu’en cette qualité, elle doit donner l’exemple de la vertu d’Épargne en mettant, elle aussi, de côté les quelques économies qu’elle réussit à faire dans l’administration des fonds qui lui sont confiés ; l’enfant, lui, doit s’initier dès le berceau à cette science des sciences qui consiste à savoir conserver ce que l’on a, à ne pas succomber à la tentation de dépenses futiles et frivoles, à pratiquer la prévoyance dès l’âge le plus tendre. C’est ce que l’on comprend bien et pratique admirablement dans les vieux pays d’Europe, où des organismes créés spécialement pour les enfants fonctionnent par milliers et donnent tous les ans des résultats dépassant notre imagination. Mais ce qui vaut encore mieux que ces résultats matériels immédiats, c’est que, par ce moyen, on forme des générations d’épargnistes qui, grâce à ces