Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/100

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Tous de fer remparez, et de peaux recouverts,
Contre l’effort de Mars, et l’assaut des hyvers.
Tout se range et s’arreste ; et les pelouses vertes
D’une moisson ferrée à l’instant sont couvertes.
Le monarque en son cœur sent de charmans plaisirs,
Voyant l’amas guerrier, qui prompt à ses desirs,
Peut soulager l’ennuy dont sans cesse il soupire,
Et du vaste univers luy conquerir l’empire.
Aux uns d’une loüange il hausse la fierté.
Un seul mot vaut un sceptre à leur cœur indompté.
D’une honte il punit les armes negligées.
Content il void l’orgueil de ses troupes rangées.
Il les tourne, il les change, en bataillons divers.
Puis voyant que la nuit vient obscurcir les airs,
Du martial plaisir à regret il s’arrache.
L’élite de ses chefs autour de luy s’attache,
Le presse, et le conduit dans le royal sejour.
Un tourbillon poudreux ayde à noircir le jour.
Le reste file en ordre, en marches differentes.
Puis chacun se separe, et s’enferme en ses tentes.
Lors cessent tant de bruits de tambours, de clairons.
Le silence et la nuit regnent aux environs.
Le ciel sembloit dormir, et tout ce qu’il enserre,
Et les feüilles des bois, et les eaux, et la terre.
Des oyseaux émaillez, des troupeaux innocens,
Le paisible sommeil occupoit tous les sens ;