Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/101

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Et par son charme doux, dans les ames humaines
Faisoit dormir aussi les soucis et les peines.
Mais les yeux de Clovis ne trouvent nul repos.
De Clotilde, son cœur repete les propos.
De Sigismond, l’audace en son cœur est gravée.
A toute heure il revoit sa princesse enlevée.
De honte, de courroux, de vangeance brulant,
Il veut porter la guerre au rival insolent ;
Et croit, si son amour ne se peut satisfaire,
Qu’il pourra pour le moins assouvir sa colere.
L’aurore enfin chassa les estoiles des cieux,
Sans chasser de Clovis les soucis ennuyeux.
Aurele qui connoist le mal qui le réveille,
S’approche de son lit, et prudent luy conseille,
Pour oster tout ombrage à tous les autres rois,
Et donner un pretexte aux armes des françois,
De presser Gondebaut, dont l’ame est si couverte,
Faisant de la princesse une demande ouverte.
Si Clotilde, dit-il, a rompu ses sermens,
Si Sigismond s’oppose à tes contentemens,
Si Gondebaut a peur de joindre à ton courage
Celle dont il ravit le pere et l’heritage,
Sur l’injuste refus, tu peux te soulager,
Ravager ses estats, le vaincre, et te vanger.
Malgré le prompt dépit, la raison persuade.
Aurele est destiné pour l’illustre ambassade,