Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/147

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Dé-ja la Meuse entend leur martial airain ;
Et dé-ja le françois arrive aux bords du Rhein ;
Surprend des fourrageurs mille bandes éparses ;
Et dans les champs saccage et bructeres, et marses
Qui portent à leurs rois, de cent troupes suivis,
Le message estonnant des armes de Clovis.
Pourrois-je raconter la sanglante journée,
Qui d’un heureux succés fut enfin couronnée ?
Mais la nuit, de son ombre ayant voilé les cieux,
Avec ses froids pavots appesantit nos yeux.
Clovis, aux siens aimable, aux ennemis terrible,
A ses bandes inspire une ardeur invincible :
Heurte les premiers rangs ; renverse les plus forts :
Où le choc est plus grand, redouble ses efforts :
On le void se lancer, fendre, poursuivre, abbatre :
Et tantost il combat, tantost il fait combatre.
La reine qui le suit sur un barbe leger,
Partage avec son fils la peine et le danger.
Mais un trait inconnu tranche sa noble vie :
Et ce coup n’est suivy ny d’honneur ny d’envie.
Du sensible trépas le monarque irrité,
D’une double fureur a le cœur agité :
Mesle à ses feux guerriers, les feux de la vangeance
Et d’un triste dépit renforce sa vaillance.
Il immole cent corps aux manes maternels.
Une main seule a fait cent mille criminels.