Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/178

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Cependant il importe à l’heur de ma conduite,
Que je sois incognuë à ta royale suite.
Elle couvre son front ; et le prince content
Avec elle rejoint sa troupe qui l’attend.
Puis au royal palais dans Langres se retire.
Chacun d’yeux et de vœux les suit et les admire.
Le soleil et le jour tomberent sous les eaux.
Il la meine en sa chambre, où luisoient vingt flambeaux ;
Devant Aurele seul du casque la desarme.
Le confident surpris à l’aspect qui le charme,
Doute s’il ne doit point démentir ses regards.
Clovis luy délaçant et cuirasse et brassards,
Cent fois baise ses mains valeureuses et belles,
Pour premices des fruits de ses flames fidelles.
Grand roy, dit-elle alors, j’ay sceû qu’en toutes parts
Gondebaut ramassoit les bourguignons épars :
Que dé-ja s’avançoient les bandes helvetiques :
Que Thierry s’y joindroit, et les forces gothiques ;
Que rien n’estoit plus loin du cœur de l’inhumain,
Que de m’unir jamais à ta puissante main :
Et qu’avant le depart de sa nombreuse armée,
Dans un sombre cachot j’allois estre enfermée.
Je déguise mon sexe en cet habit trompeur.
J’abandonne Vienne, et sans suite, et sans peur.
Je me mesle aux guerriers espandus par la plaine,
Et me rends sans peril aux sources de la Seine.