Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/179

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Pour paroistre à tes yeux moins indigne de toy,
Là je m’exerce un temps aux efforts du tournoy ;
Et pour m’accompagner d’une suite decente,
De douze enfans j’amasse une troupe innocente.
Pour meriter un roy de tant de rois vainqueur,
En moy je sentis croistre et la force et le cœur.
Enfin tu me vois tienne ; et je suis preste encore
D’adorer pour mes dieux ceux que mon prince adore.
Mais cache ton espouse acquise à ton amour.
Que bourguignons et francs ignorent mon sejour.
Allons loin de mon oncle ; et qu’en tes forteresses
J’évite du tyran les embusches traistresses.
Clovis de doux transports en son ame agité,
Admire sa valeur, son amour, sa beauté ;
Et sur tout est charmé d’entendre ces paroles,
Qu’elle veut de ses dieux reverer les idoles.
Mais Aurele confus du surprenant propos,
Sent troubler de son cœur la joye et le repos.
Il souffre cent douleurs, qu’il tasche de contraindre
Sous le front satisfait qu’il est forcé de feindre.
La nuit donne aux amans les licites plaisirs.
Puis le prince comblé de l’heur de ses desirs,
Quitte Langres pour plaire à l’espouse nouvelle ;
Et sous l’habit guerrier pres de luy la recelle.
Dix vaisseaux sur la Seine, ornez d’azur et d’or,
Servent, comme en triomphe, à porter son tresor.