Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/181

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Dé-ja ses yeux épris de sa propre beauté,
D’un triomphe certain flatoient sa vanité,
Quand ramenant de loin sa pensée égarée,
Cette autre la rendit triste et desesperée.
Mais à quel faux espoir, mon cœur, t’emportes-tu ?
Que devient ton orgueil, que devient ta vertu ?
Dé-ja par d’autres yeux son ame est consumée ;
Par des yeux que par tout vante la renommée.
Et quand le feu des miens seroit plus éclatant,
Ce prince affecteroit l’honneur d’estre constant.
Iray-je avec des vœux, des soûpirs, des prieres,
Exposer ma pudeur à des responses fieres ?
Et pourray-je souffrir, d’un front bas et confus,
Et les cruels dedains, et les honteux refus.
Moy, souffrir un rebut à mes vœux si contraire ?
Dé-ja mon cœur le sent, puis qu’il me le peut faire.
Ah ! Plustost que je sois un objet de pitié,
Il faut que mon amour devienne inimitié.
Flame, desir, espoir, il faut que je vous dompte.
Quoy ? Tu serois, Clovis, superbe de ma honte ?
Sçache qu’en moy le ciel mit assez de pouvoir,
Pour donner des mespris, non pour en recevoir.
Si je ne puis t’aimer qu’avec mon infamie,
Je puis avec honneur estre ton ennemie.
Ton portrait malgré moy regne en mon souvenir.
Je n’ay pû m’en deffendre, et ne puis l’en bannir.