Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il suit devers Paris les ondes fugitives ;
Et son camp l’accompagne, en marchant sur les rives.
D’autre-part Yoland, non loin de ces climas,
Des propos d’Auberon fait un confus ramas.
Nuit et jour en son cœur pensive elle repasse
Les exploits de Clovis, et sa taille, et sa grace,
Et son puissant empire, et ses vaillans ayeux,
Digne race d’Hector, yssu du sang des dieux.
Devant un grand miroir, dans sa chambre dorée,
Elle mesme se void digne d’estre adorée.
Sa beauté soustenuë avec son cœur altier,
Pretend par sa valeur vaincre le monde entier.
Mais, dit-elle, à quels vœux, mon cœur, tu t’abandonnes,
Meditant des combas, des grandeurs, des couronnes.
Surmontons ce grand roy, qui doit tout surmonter.
Le ciel m’offre en luy seul l’univers à dompter.
Il faut que par l’amour, plustost que par la guerre,
En un seul conquerant je conquiere la terre.
Luy seul est un amant digne de ma beauté,
Digne de ma valeur, digne de ma fierté.
Sa gloire est que tout cede au pouvoir de ses armes :
Ma gloire est qu’il succombe au pouvoir de mes charmes.
Joins l’addresse, Yoland, aux attraits de ton corps.
Sans luy donner la mort, donne luy mille morts.
Et donne toy la joye à nulle autre seconde,
De voir languir pour toy le plus grand cœur du monde.