Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/183

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Sur qui dans un champ d’or, parmy l’émail des fleurs,
Rampoient mille serpens de changeantes couleurs.
Leur langue à triple pointe ondoyoit élancée,
Que forme une escarboucle en l’acier enchassée.
Le casque estoit pareil, tassettes et brassards,
Ou les rubis ardens luisoient de toutes parts.
Ses épaules dé-ja de fer sont revestuës.
Puis elle fait un choix de deux lances pointuës ;
Et d’une large épée elle arme son costé.
C’est à toy, ma valeur, à vanger ma beauté,
Dit-elle dans soy-mesme. Elle eprouve la lame ;
Et frape du tranchant sur un fer qu’elle entame.
Elle sort du palais, aveugle en ses transports :
Fait choix de trois coursiers, nobles, souples, et forts ;
Met l’une et l’autre lance aux mains de deux compagnes ;
D’un saut se jette en selle, et va par les campagnes.
Son fier barbe écumeux hannit en cheminant :
Du fer plat, pas à pas, bat le champ resonnant.
Les autres l’imitans en ardeur le secondent.
Les échos des vallons en cadence répondent.
Comme par les prez verds de Crete ou de Paphos,
Une genisse court, qui n’aguere en repos
Ruminoit sous un pin les paslissantes herbes,
Et les vœux des taureaux, et ses dédains superbes ;
Soudain d’un cruel tan, de son sang amoureux,
Elle sent à son flanc l’aiguillon rigoureux ;