Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/184

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Fuit par plaines et monts, de douleurs agitée :
Saute, et lance la poudre en sa rage indomptée.
De mesme la princesse, au dépit qu’elle sent,
Vole en cherchant Clovis, de sa peine innocent :
Par sa fierté piquante en sa haine affermie ;
D’amante en un moment devenuë ennemie :
Passe les champs lorrains, franchit les verdunois,
Sans repos, sans sommeil, sans quitter le harnois.
Elle apprend, curieuse et d’ardeur enflammée,
Par les bruits qu’en volant seme la renommée,
La route de Clovis, et les flots glorieux,
Qui portent vers Paris leur roy victorieux.
Enfin par cent destours elle passe incognuë ;
Et dans l’ample cité la voila parvenuë,
Dans Hercueil, le monarque, aymant ce frais sejour,
Goustoit les doux plaisirs de Mars et de l’amour :
Apres cent bœufs offerts sur les autels d’Hercule,
Moderoit pres des eaux l’ardente canicule ;
Et souvent de sa veuë honoroit les esbas
De sa cour qui s’exerce aux innocens combas.
Un jour sur le tapis d’une vallée ombreuse,
S’éprouvoit aux tournois sa troupe valeureuse,
Où depuis l’art pompeux qui scait guider les eaux,
A, de la terre au ciel, élevé les ruisseaux,
Sur ces arcs, orgueilleux de porter assez d’onde,
Pour esteindre la soif de la cité feconde.