Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/235

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Du tyran Basilique, empereur du Bosphore.
De la Grece, et des lieux où se leve l’aurore,
Pour qui de toutes parts on pilloit des beautez,
Capables d’assouvir ses sales voluptez.
Sur le pressant desir de passer à Cartage,
Sous pretexte d’escorte, on nous meine au rivage,
Conduits par vingt brigands, tous armez de longs fers.
Nous montons un vaisseau : mais en fendant les mers,
Je sens que le pilote autre route a choisie ;
Et que laissant Cartage, il nous porte en Asie.
Je me plains ; mais en vain. Pour se laver du tort,
Le chef du brigantin declare nostre sort :
Que nous sommes soûmis aux loix de l’esclavage.
Tous deux de noble sang, tous deux de fier courage,
Nous fremissons d’horreur, nous brulons de courroux,
Et cachons nostre ennuy sous un langage doux.
Agilane songeant à sa race royale,
(c’estoit là le beau nom de la sage vandale)
Se resout d’un cœur haut, à soufrir cent trépas,
Plustost que de soufrir rien d’indigne et de bas :
Et dés-lors je fay vœu, quelque sort qui m’avienne,
De sauver sa franchise, aux perils de la mienne.
Pour moy, dans ces projets, elle eût plus de douceur.
Nous prenons les beaux noms et de frere et de sœur,
Sous qui vit et s’accroist une flame secrete.
Cependant nous bordons les rivages de Crete,