Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/241

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Il brule, il tremble, il suë ; et la grande assemblée,
Du succés curieuse, est craintive et troublée.
Tous estoient en suspens, quand soudain nous voyons
Un vieillard répandant de celestes rayons,
Qu’une foule environne, épaisse et trémoussante,
Monstrant, pour le toucher, une chaleur pressante.
Il écarte la presse ; et d’un front de mépris,
Se presente aux regards du monarque surpris.
Descens, dit-il, du trône ; et rens le diadême,
Que ta teste porta par le vouloir suprême.
Un amas infiny de crimes odieux,
Et les cris des prelats, ont irrité les cieux.
L’ange divin m’a dit : descens de ta colonne ;
Et va dire au tyran qu’il quitte sa couronne.
Dieu la rend à Zenon, qui paissant aux deserts,
A satisfait le ciel par ses travaux soufferts.
Sçache que tu vas voir ta puissance opprimée.
Armat ton lieutenant, luy livre ton armée.
Basilisque effrayé, de son trône descend,
Honteux aux pieds du saint ses genoux fleschissant ;
Demande son pardon, de pleurs le sollicite.
Daniel le repousse. ô ! Dit-il, hypocrite,
Va, fuy de ce palais. Mais tu fuiras en vain.
De Dieu tu vas sentir la punissante main.
Sa justice bien-tost de toy sera vangée,
Lors que tu periras d’une faim enragée.