Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/242

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Il part, haï du ciel, detesté des mortels.
Il cherche épouvanté l’asyle des autels.
Tout le chasse, ou le fuit. Sur Agilane émeuë
Le merveilleux Stilite estend sa sainte veuë.
Son corps foible, abbatu du trouble de ses sens,
Appuyoit sur mes bras ses membres languissans.
Son beau teint rougissoit d’une chaleur mortelle :
Et d’un brasier fievreux son regard estincelle.
Et vous, dit-il, troublez dans vos chastes amours,
Pouviez-vous esperer un si puissant secours ?
J’apporte du ciel mesme, à vos ames vaillantes,
Le prix de leurs travaux, deux couronnes brillantes.
Mais portons à son lit ce corps foible et tremblant.
Le peuple me soulage, allentour s’assemblant.
La couche la reçoit. Le vieillard venerable
Addresse ainsi vers nous sa parole adorable.
Admirez les grands faits du celeste pouvoir.
Mais croirez-vous vos yeux, qui viennent de le voir ?
Qu’une abjecte, une indigne, une humble creature,
Sujette à tous les maux de l’infirme nature,
Pour toute arme n’ayant que sa debile voix,
Par l’ordre du grand dieu, donne icy bas les loix,
Oste et donne l’empire, épouvante, menace,
Destruit, et des tyrans confond toute l’audace ?
La gloire en appartient au seul Dieu que je sers.
Mes enfans, adorez-le : et tous vos maux soufferts