Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/244

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Aurele, à ce recit, estouffé de sanglots,
Ne peut former un mot, de pleurs répand des flots ;
Et l’hermite attendry, des larmes qu’il épanche,
Plein d’aise et de douleur, moüille sa barbe blanche.
Le guerrier reprenant le sensible discours,
Dont ses frequens soupirs interrompent le cours ;
Lors, dit-il, assailly d’une si vive attainte,
Je me pasme ; et ma vie à tous paroist esteinte.
A mon cruel réveil, d’un œil foible je vois
Tout ce qui m’environne émeû, triste, et sans voix.
Je regarde Agilane, encore toute aimable ;
Dans les bras de la mort encor toute adorable.
De mille vains soupirs, de mille vains propos,
De cris je veux en vain réveiller son repos.
Tout est sourd, tout est mort, sous sa pasleur cruelle.
La source de mes maux est seule vive en elle.
Le stilite revient, de mon bien desireux.
N’enviez point, dit-il, son repos bien-heureux.
Mais je vous rendray l’heur de luy parler encore.
Ma sœur, au nom, dit-il, du grand dieu que j’adore,
Faites revoir vos yeux à ce fidele amant.
Elle ouvre la paupiere encor pour un moment.
Ravy je la regarde ; et de pleurs je me noye.
Je confonds en mon cœur la douleur et la joye.
Hé bien, dit-elle, amy, parlez ; que voulez-vous ?
Et me jette un regard et penetrant et doux.