Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/252

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Alors par un regard que me jetta la sainte,
De joye et de respect mon ame fut atteinte.
Ah ! Dis-je, dans ces yeux je voy l’arrest du ciel.
Voila l’heureux regard promis par Daniel.
Je m’avance, et luy dis. Princesse, Dieu desire
Que par toy soit chrestien Clovis et son empire.
Mais consens en toy-mesme au celeste vouloir.
Je vay mettre en son cœur le desir de te voir.
Clotilde rougissant (c’est le nom de la sainte)
Par sa vertu severe à sa langue contrainte.
Je crains de la troubler : je m’éloigne : je parts.
Puis mon païs natal borne tous mes hazards.
Et pour ma longue absence, à peine en mon visage
Mes parens estonnez connoissent leur image.
Dé-ja la renommée a semé mon retour.
Mon nom seul entretient et la ville et la cour.
Chacun veut par ma voix sçavoir mes avantures :
Mais je cache de Dieu les merveilles futures.
Je me courbe aux genoux de nostre grand Clovis.
Mes recits estonnans rendent ses sens ravis.
Il s’enquiert des destours de mes lointains voyages,
Des terres, et des mers, des mœurs, et des langages,
Des villes, et des ports, des differens climas :
Et son esprit avide épuise mes amas.
Quand ma source est tarie, il fait cent fois redire
L’estat de Genseric, et celuy de l’empire,