Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/251

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Daniel me console, et pour moy fait des vœux.
Il fait oüir les sourds, redresse les boiteux,
Rend le jour à l’aveugle ; et par divers miracles
A mes yeux estonnez confirme ses oracles.
Je le quitte, et je parts : par la Thrace je cours :
Et j’éprouve en tous lieux le celeste secours.
Par tout je crains que Dieu ma paresse n’accuse.
Je passe l’Illyrie, et Dyrraque et Brunduse.
J’arrive aux bords du Tybre ; et dans Rome je voy
Le pontife sacré de la chrestienne loy.
Je luy parle : il m’anime à la sainte entreprise,
Qui d’un peuple si grand doit accroistre l’eglise.
Je baise les tombeaux des martyrs immortels,
Et des apostres saints le seüil et les autels.
Je m’embarque à Ligourne ; et l’onde ligustique
Me porte en deux soleils à Marseille l’antique.
Je vay par tous les bords du Rhône impetueux :
Une princesse enfin, d’un front majestueux,
Me paroist dans Vienne, au temple prosternée ;
D’éclatantes beautez, et de graces ornée.
Puis elle se redresse ; et levant ses beaux yeux,
Semble élever aussi son cœur jusques aux cieux.
Que sert, dis-je, d’errer de province en province ?
Voila ce que le ciel destine pour mon prince.
Voicy de mes travaux l’heureux et noble fruit.
Curieux je m’approche : elle se tourne au bruit.