Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/268

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Au mespris des pasteurs, et des dogues ardents,
Du meurtre de cent bœufs ensanglantent leurs dents ;
Abandonnent aux loups les gorges déchirées ;
Et dédaignent les corps, du seul sang alterées.
La cruelle Albione, et la fiere Yoland,
Ainsi laschent la bride à leur courroux brulant :
De forest en forest poussent leur violence :
Sont lasses de fraper, plustost que de vangeance ;
Et conçoivent l’espoir, dans leurs vastes projets,
De faire que Clovis soit un roy sans sujets.
Par deux bandes enfin d’un tel meurtre animées,
Dans un taillis épais elles sont enfermées.
En vain pour leur salut s’anime leur valeur.
Le forfait trop frequent cause un juste malheur.
Soudain on les desarme et de casque et d’épée :
Et sur elles chacun à la veüe occupée,
Doutant comment nature, avec tant de beauté,
A joint tant d’insolence, et tant de cruauté.
Pour ne laisser agir qu’un courroux legitime,
On reserve au monarque à punir ce grand crime.
Vers Paris on les traisne ; et leurs bras impuissans
Sont rudement serrez par des liens pressans.
Lisois, de qui l’ardeur l’emporte et le captive,
Cherchoit de bois en bois sa belle fugitive ;
Resolu, si jamais elle brille à ses yeux,
Ne pouvant l’arrester, de la suivre en tous lieux.