Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/269

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Il void la bande armée, et fiere de la prise.
Il void le doux object qui dompta sa franchise ;
Et qu’un lien honteux serre ses belles mains.
Ah ! Dit-il, insolens, ah ! Tygres inhumains,
Comment a pû vostre ame insensible et barbare,
Faire une outrage indigne à sa beauté si rare ?
Il veut qu’on la destache ; et d’un œil irrité
Veut que la troupe cede à son authorité.
Nul front ne s’en émeût ; nul pas ne s’en retarde.
Il met le fer en main : soudain la hallebarde
A son effort s’oppose, et le rend sans effect.
Quelle offense, dit-il, quel crime, quel forfait,
A merité ces nœuds, et ces cordes infames ?
Il veut percer l’obstacle ; et l’ardeur de ses flames
Allume dans son cœur la honte et le courroux.
Il pousse, il tourne, il cherche un passage à ses coups.
Comme un loup, de la faim sentant l’aspre furie,
Cherche allentour d’un parc, ou d’une bergerie,
Le defaut de l’enceinte, ou des foibles parois.
Par tout le chien s’oppose, et double ses abbois.
Ainsi vers quelque part qu’il fasse une entreprise,
Les gardes vont jaloux, et deffendent leur prise.
Enfin l’amant fougueux comprend par divers cris,
Que cent corps par leurs mains dans les bois sont meurtris :
Qu’on les conduit au roy. L’estonnante parole
Confond toute sa rage, et soudain le console.