Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Lors Lisois à son roy rendoit son soin fidele.
Par les bruits il apprend l’estonnante nouvelle ;
Et les feux ensoufrez qui consumoient les corps.
Clovis pense à l’instant aux magiques efforts :
Et prest de consulter, sur la future guerre,
Avec son confident, la vierge de Nanterre,
Luy conte ce desastre ; et que ces fieres sœurs
Exercent à l’envy leurs cruelles fureurs.
Tu sçauras, ô ! Grand roy, dit elle, qui commande,
Ou le dieu que j’adore, ou l’infernale bande.
Une troupe la suit. Les tourbillons roulans
D’une noirceur fumeuse aux nuages volans,
Les petillans éclats qui dans les airs reluisent,
Vers le spectacle affreux tristement les conduisent.
On oyt de loin les cris des douloureux amans.
On void luire leurs corps, et rouges, et fumans.
L’un à l’autre embrassez, ils brulent, ils expirent.
Les spectateurs émeûs en larmes en soupirent.
Genevieve à genoux invoque son grand dieu :
Demande que sa gloire éclate dans ce lieu :
Puis se leve asseurée : et de sa main divine,
Va toucher Aigoland, et sa fidele Argine :
Puis tous les autres corps de ces flames attaints.
Par le pouvoir du ciel, leurs feux furent esteints.
Comme apres les moissons, quand mille et mille gerbes
Ont dépoüillé les champs de leurs tresors superbes,