Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/280

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On void luire la flame en un chaume brulant,
Et de noire fumée un grand globe roulant.
Par fois le ciel se couvre, et veut faire la guerre
A ce nouveau nüage élevé de la terre ;
Verse un orage épais sur les feux enfumez ;
Et de ses eaux esteint les sillons allumez.
Ainsi sur tous les corps que va toucher la sainte,
La flame obeïssante est tout à coup esteinte.
Avec les feux ardens s’esteignent les douleurs ;
Et la santé renaist, et les vives couleurs.
Tous vont baiser ses mains ; et d’hommages l’honorent.
Plusieurs luy font des vœux, se prosternent, l’adorent ;
La nomment leur deesse accouruë à leurs cris.
Ah ! Dit-elle, adorez Dieu qui vous a gueris,
Puis que c’est à luy seul que la gloire en est deuë.
Soudain de l’un à l’autre une voix répanduë,
S’écrie avec transport : oüy, tous, nous l’adorons,
Le dieu de Genevieve, et pour luy nous mourrons.
Alors la troupe vierge est doublement sauvée ;
Et des mains de Marcel, de l’eau sainte est lavée :
Marcel, l’heureux prelat, et le digne flambeau,
Qui de Christ dans Paris éclairoit le troupeau.
Pour rendre au tout-puissant une gloire plus ample,
Par un vœu des chrestiens, ce lieu mesme eût un temple,
Qui pour marquer du ciel les secours évidens,
En l’honneur du miracle, eut le nom des Ardens.