Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/316

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Vous tenez aux fourreaux vos lames enfermées,
Dans le temps qu’à vos yeux se choquent deux armées ?
C’est ainsi qu’un de vous, souhaittant mon malheur,
De ses troupes retint la boüillante chaleur,
Pensant par ma ruine agrandir son domaine,
Quand je domptay Siagre, et la force romaine.
Encor me fait-on grace en ce honteux dessein,
Ne tournant par le fer contre mon propre sein.
Deux paroles encor d’une langue infernale,
M’eussent conduit, peut-estre, à mon heure fatale :
Et je dois mon salut au celeste secours,
Qui troubla les complots, et les traistres discours.
Enfin donc la malice, et les plaisirs infames,
De la gloire, en vos cœurs, ont amorty les flames ?
O ! Le change honteux, qui vous rend redoutez,
Non par vostre valeur, mais par vos laschetez ;
Tyrans de vos sujets, à vostre sang perfides,
Forts par les trahisons, et par les parricides.
Mais ce n’est-pas la fourbe, ou les noirs attentats,
C’est la forte vertu qui gagne les estats.
La valeur à conquis mon illustre heritage :
Et des traistres jamais n’en feront un partage.
La rigueur de la guerre, et vos crimes commis,
A mon juste courroux vous ont enfin soûmis.
Mais la gloire me porte à des loix plus humaines :
Et mon sang, pour vous deux, me parle dans mes veines.