Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/317

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Je vous laisse le jour, la franchise et les biens :
Mais des vostres je prens qui veut estre des miens.
Allez, lasches, allez ; sortez de mon empire.
Le soldat, dont la peur fait qu’à peine il respire,
Prest à se voir puny du crime de leurs rois.
Emeut ses cris de joye ; et de communes voix,
Nous quittons, disent-ils, ces detestables maistres ;
Et nous signons nos vœux par le meurtre des traistres.
Soudain leur fer se baisse ; et sous leur choc ardent
Dé-ja tombe Faron, le lasche confident ;
Qui du sang que son corps rend à leur juste rage,
Alors vange du peuple et le sang et l’outrage.
Son ame en mesme temps sort par cent lieux ouverts ;
Et de crimes chargée, est plongée aux enfers.
Ranchaire et Cararic, d’une bassesse vile,
A Clovis éperdus demandent un asile,
Souffrant des méchans rois l’épouvantable horreur,
Quand la haine d’un peuple est tournée en fureur.
Ils sentent le secours de sa douceur propice ;
Et dé-ja garantis du fer de sa justice,
Ils sont sauvez encor du fer d’un peuple armé,
Qui cherche une victime à son cœur enflammé.
Il esteint par sa voix l’ardeur qui les emporte.
Aux deux princes craintifs il ordonne une escorte :
Puis porte à d’autres soins son esprit genereux,
Pour avancer le cours de ses progrez heureux.