Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/322

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Et trancher de la guerre et la cause et le cours,
Sans craindre du heraut le menaçant discours.
La princesse à genoux, en dieu seul occupée,
Tend son beau col de neige à la tranchante épée :
Et la foule attendant le coup à tous momens,
Répand des cris divers, et des gemissemens.
Du bruit de la déroute, et d’horreur chacun tremble :
Chacun pense pleurer mille douleurs ensemble.
L’amant, d’estre vaincu sembloit s’estre hasté,
Pour courir au secours de sa chere beauté :
Et dé-ja tout confus de honte et de tristesse,
Est encor plus émeû du sort de sa princesse.
Sa voix fait tout suspendre ; et la presse fendant,
Il met le fer en main, dans son transport ardent.
Il passe à l’échaffaut, met les gardes en fuite,
Aydé de Gondomar, et de sa prompte suite :
Monte, oste le bandeau du front majestueux ;
Détache ses liens, d’un soin respectueux :
Et la trouvant muëtte, incertaine, éblouïe,
Ny triste par la peur, ny d’espoir réjouïe ;
Vous voyez, luy dit-il, un prince à qui l’amour
A fait perdre un combat pour vous rendre le jour.
Je bénis ma deffaite, à mes feux desirable.
Un bon-heur, pour jamais m’eût rendu miserable.
Clotilde dont l’esprit dé-ja voloit aux cieux,
A regret void le jour qui refrape ses yeux :