Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/323

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Puis apprend des succés qu’à peine elle ose croire,
Qu’elle est libre des fers, et Clovis plein de gloire.
A son frere il la laisse : et quittant l’échaffaut,
Monte sur son coursier, va chercher Gondebaut.
Il trouve en son transport Irier avec son pere.
Que justement, dit-il, la divine colere
S’allume contre vous, miserables mortels ;
Qui pendant la bataille, au lieu d’estre aux autels,
Implorant le secours de la dextre puissante,
Versez, pour l’irriter, le sang d’une innocente !
Hé ! Quoy ? C’estoit là donc, ennemis de mon cœur,
Le prix qu’on m’apprestoit si j’eûsse esté vainqueur ?
C’estoit donc l’appareil pour guerir mes blessures ?
Quoy ? Faire à mon amour ces cruelles injures ?
Contre le sang que j’aime armer vostre courroux,
Dans le temps que le mien se répand tout pour vous ?
Perdre, par un conseil à vous mesme funeste,
Quand tout seroit perdu, le seul bien qui vous reste ?
Puis que dans ma valeur vous aviez quelque espoir,
Et que de mon rival vous craigniez le pouvoir,
Deviez vous pas garder mon tresor et le vostre,
Pour recompenser l’un, ou pour appaiser l’autre ?
L’ire de Dieu nous suit, et s’arme pour Clovis.
Ses vœux, par vos forfaits, de gloire sont suivis.
Tout fuit son bras vainqueur, et sa force guerriere.
Des nostres les plus fiers ont mordu la poussiere.